mercredi 22 novembre 2017

Pathétique Enthoven

Ecoutez-vous Europe 1 ? Pour ma part, non, la vie étant courte. C’est donc par des voies détournées que j’ai appris la teneur d’une chronique livrée par M. Raphaël Enthoven, « philosophe » (c’est-à-dire professeur d’histoire de la philosophie, en fait) le mardi 21 novembre. Il y est question de la nouvelle traduction du Notre Père, que nous dirons (ou que nous « ânonnerons » selon M. Enthoven) lors des messes à partir du 3 décembre. Dans cette nouvelle traduction, « ne nous soumets pas à la tentation » est remplacé par « ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Qu’en a dit M. Enthoven ? Ce qui suit :
« Vous avez remarqué la ligne que l’on a changé. Ne nous soumets pas à la tentation. Le problème, ce n’est pas la tentation, c’est qu’on a supprimé le verbe soumettre, on a ôté du texte, l’idée de soumission. […] La première chose qu’on sait de l’islam, le seul truc que croient savoir les gens qui n’y connaissent absolument rien, c’est que islam, dit-on, cela signifie soumission. La suppression inutile du verbe soumettre est juste à mon sens une façon pour l’Église de se prémunir contre toute suspicion de gémellité entre les deux cultes. Et les paranoïaques de l’islamophobie qui passent leur temps à la traquer chez les Républicains exemplaires feraient bien de tendre l’oreille pour une fois dans la bonne direction, parce que ce qui se joue là sournoisement contre l’islam crève les tympans quand on tend l’oreille. À compter du 3 décembre prochain, tous les fidèles francophones qui diront le Notre-Père ânonneront quotidiennement à mots couverts : chez nous Dieu ne soumet pas, nous ne sommes pas du tout des musulmans, c’est librement qu’on croit. […] Une prière mérite mieux qu’un message subliminal. »
Ce que l’on peut en conclure sur la connaissance qu’a M. Enthoven du catholicisme et, plus généralement, du christianisme, c’est qu’elle est mince, pour ne pas dire nulle. Et que ce qui « crève les tympans » de M. Enthoven[i], ce sont les clous qu’il y enfonce avec un plaisir qui m’inquiète pour lui. Il faudra lui expliquer que le Notre Père n’est pas une prière rédigée récemment en français pour signifier comment les catholiques francophones se situent par rapport à l’islam. Entendant parler de cette abyssale sottise, j’ai commencé par penser que c’était une chose insignifiante, un bruit parmi d’autres… Autant hausser les épaules : peut me chaut ce que M. Enthoven pense, croit penser ou dit penser, si jamais il pense.
Puis d’autres lectures m’ont éclairé sur ce qu’elle a de dangereux. Je ne me donnerai pas la peine de m’étendre sur le sujet, d’autres l’ayant justement abordé avec plus d’éloquence que je ne saurais en avoir. Koztoujours, par exemple.

Post-scriptum du 23 novembre : M. Enthoven a tenu à présenter aujourd'hui des excuses pour les propos absurdes qu'il a tenus (voir ici par exemple). C'est assez rare pour être salué et c'est tout à son honneur. Cependant, il faudrait qu'un certain nombre de personnes cessent de tout ramener à une éventuelle relation avec l'islam ; que ces personnes cessent de voir en tout un acte de "soumission" ou au contraire une manifestation "islamophobe". La vie est un peu plus riche que cela, non ?


[i] Et moi qui croyais que c’était Beethoven qui était sourd. Mais c’est un sourd qu’on écoute encore.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ? Inscrivez-vous ! Si vous êtes timide, les pseudonymes sont admis (et les commentaires modérés).