lundi 17 avril 2017

Professions de foi

Les calendriers se superposent, se croisent se rencontrent ou s’évitent. A moins qu’ils ne fassent que coïncider. Pour les uns, dimanche 9 avril, c’était le moment d’aller à quelque gros meeting, pour d’autres (dont votre serviteur), c’était le dimanche des Rameaux. Ainsi, nous entrions dans la Semaine sainte tandis que temps de la campagne électorale officielle allait commencer.
Les campagnes électorales peuvent être amusantes ou affligeantes, selon l’humeur où l’on se trouve. Lorsqu’il s’agit d’une élection présidentielle, nous recevons par la poste les professions de foi[i] des candidats. Professions de foi, vraiment ? On dit aussi programmes. Dans le premier cas, que m’importent les épanchements supposés de l’âme de tel ou tel ? Et qui me dit si ces épanchements sont sincères ou s’ils ne résultent pas du désir d’éveiller la sympathie de quelques catégories d’électeurs soigneusement caractérisées et choisies[ii] ? Dans le second, on hésite entre l’indifférence devant de vagues semblants d’orientations – en rupture avec le système, bien entendu – et l’ennui devant des propositions de mesures comptables chiffrées et détaillées – conséquence du caractère « républicain » de nos intentions, où tous les candidats paraissent aspirer à un poste de super-chef de bureau plutôt que de chef d’Etat.
(Soit dit en passant, cette dernière observation me paraît un argument de plus en faveur de la royauté, outre qu’elle pourrait nous éviter ce coûteux et lassant cirque électoral.)
Mais bon, une fois de plus, j’irai voter, histoire d’avoir moralement le droit de protester ensuite si c’est nécessaire, c’est-à-dire si une mesure du gouvernement me déplaît (et non si la tête du nouveau président me déplaît). Le premier tour le permettant, je ne me précipiterai pas sur quelque vote utile, argument qui permet de perpétuer tous les conformismes : il n’y a pas a priori de gros ou de petits candidats.
Il importe aussi de nous garder de toute illusion : quel que soit le vainqueur de cette élection, nous ne verrons pas à partir du 8 mai 2017[iii] les saucisses pousser aux arbres ni des nuées de sauterelles subitement ruiner les récoltes de notre pays. Les possibilités sont bien sûr plus ou moins heureuses, mais il ne faut en attendre ni miracle ni abomination. S’y attendre serait peut-être bien une forme de religiosité dévoyée, ce mal qui frappe les esprits partisans.
Mais, à propos de religiosité (pas dévoyée, celle-là), comme dit plus haut, le début officiel de cette campagne a coïncidé avec la Semaine sainte. Elle se poursuit, tandis que nous sommes entrés dans le temps de Pâques.
Et là, force m’est de reconnaître une toute autre royauté, une toute autre souveraineté, faite de don infini. De me réjouir et d’espérer d’une manière que n’égaleront jamais quelques engouements politiques passagers, en songeant à la résurrection du Christ, seule révolution digne de ce nom (et digne d’intérêt)[iv].
Quant à la politique ? Je n’en désespère pas, certes, mais je crois savoir à quoi m’en tenir[v]. Cela posé, joyeuses Pâques !


[i] Encore une de ces locutions profanées dont j’avais bavardé ici il y a longtemps…
[ii] De celles qui rêvent d’un candidat qui leur ressemble ?
[iii] Ou, pour les plus acharnés des nuitdeboutistes, le 403 mars 2016 : poids d’un engouement politique…
[iv] Que cette joie et cette espérance touchent aussi ceux des chrétiens qui sont persécutés et assassinés de par le monde, comme en Egypte le jour des Rameaux : Pâques est pour eux en particulier ! Les victoires que revendiquent leurs assassins sont sans doute dérisoires…
[v] Voir ici d’édifiants propos du père abbé de Sainte Madeleine du Barroux à ce sujet, relevés par P. de Plunkett.

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