dimanche 20 novembre 2016

Considérations d’un abstentionniste

Aujourd’hui avait lieu le premier tour de ce qui s’appelle la primaire de la droite et du centre ; qui voulait bien pouvait voter pour son préféré parmi sept candidats pour représenter, donc « la droite et le centre » à l’élection présidentielle de l’an prochain. Parmi ces sept candidats, on dénombre : un ancien président de la république, son ancien premier ministre, trois de ses anciens ministres, un insignifiant apparatchik, tous membres du parti « les républicains », auxquels il faut ajouter M. Jean-Frédéric Poisson.
On voit par là que cette élection au caractère officieux sert surtout à vêtir d’oripeaux démocratiques la désignation par un parti politique d’un candidat à la prochaine élection. En gros, personne n’aura à se plaindre de ce « candidat unique de la droite et du centre », puisque son choix émanera de la « volonté du peuple ». La presse nous a déjà vendu trois favoris : MM. Sarkozy, Fillon et Juppé. Le premier sent le déjà vu (pour ne pas dire le grillé), les deux autres rivalisent de propositions libérales.
Les quatre autres candidats font ce qu’ils peuvent pour exister. Qu’allait faire M. Poisson dans ce bocal ? Certes, il a acquis un peu plus de notoriété publique, mais pour quoi faire ? Pour s’engager à soutenir ensuite un candidat dont les idées ne seront pas les siennes ?
Question de milieu sans doute, j’ai rencontré pas mal de personnes (dont quelques-unes que j’estime fort) qui sont allées voter. Certaines ont même voulu m’y inciter, mais…
Et puis ces campagnes de retape sur Internet : « Le vendredi, c’est Poisson aussi », « Avec Alain Juppé, il est urgent d’agir », sans compter les épanchements de la Weltanschauung de M. Hervé Mariton, lequel n’a pas eu l’heur de s’aligner dans la course… Je soupçonne que quelques connexions « Manif pour tous » ont fini par me valoir ces courriers électroniques envoyés en masse. Bon, pour M. Poisson, je veux bien, mais pour les autres (à l’exception, peut-être de M. Mariton, lequel etc.)… Sans doute est-ce dû à une hâtive association « catho-LMPT-donc-de-droite-donc-intéressé-par-LA-droite » ?
A propos de « cathos », le Secours catholique a publié un message sur la pauvreté le jour du dernier débat télévisé entre ces candidats. Les pauvres, en substance, ont avant tout besoin de soutien (matériel, mais pas seulement) et non de discours sur la nécessité de « débloquer » l’économie. A propos de ces débats, observons que leurs décors façon « jeu télévisé » ont dû avoir leur coût : combien, aux frais de qui, dans la poche de qui ?
Du reste, le Secours catholique distribuait aujourd’hui des enveloppes à la sortie des églises, pour ceux qui souhaiteraient les emplir de quelque chèque. Et la Providence, toujours fidèle, avait lesté mon porte-monnaie de pièces de deux euros destinées aux mendiants que je croise chaque dimanche en sortant de la messe. Le nombre de mes pièces de deux euros étant limité, je ne suis pas allé ensuite en donner une à un parti me demandant de départager quelques sous-chefs de bureaux en mal de dorures élyséennes. Ce parti, en outre, m’aurait demandé de signer une déclaration en faveur des « valeurs républicaines de la droite et du centre ». Etant peu amateur de blancs-seings, j’attends toujours une énumération de ces « valeurs ». Mais peut-être suis-je un peu vétilleux, voire intransigeant : si ces valeurs sont communes à Mme Kosciusko-Morizet et à M. Poisson, elles ne doivent pas engager à grand-chose.
En somme, ce cirque ne peut que renforcer mes penchants royalistes.
Mais n’en faisons pas un drame. C’était aujourd’hui aussi (et surtout) la solennité du Christ roi de l’Univers. Tout autre chose que les simagrées républicaines ou que mes penchants royalistes, ces simagrées et ces penchants me paraissant soudain bien vains…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ? Inscrivez-vous ! Si vous êtes timide, les pseudonymes sont admis (et les commentaires modérés).