Les manifestations de
folie de la part de ce monde sont nombreuses en ce moment. L’impression laissée
est celle d’une succession vertigineuse de foucades et de secousses, des plus
farcesques aux plus atroces. En a-t-il toujours été ainsi (et cette impression
n’est alors due qu’à une surabondance d’informations) ou le diable s’amuse-t-il
plus que d’ordinaire ces temps-ci ?
L’Adversaire, si d’aventure
c’est la première hypothèse qui est avérée, a certainement sa part dans ce
déversement continu d’informations : il ne laisse plus à qui s’y abandonne
le temps[i] de
réfléchir. C’est l’émotion qui domine alors, le réflexe aussi, et en
particulier le réflexe conditionné. Tout cela permet sans doute à divers
marchands de n’importe quoi de faire un meilleur chiffre d’affaires que d’austères
et silencieux moments de méditation.
Nous assistons en ce
moment à d’interminables et répétitifs feuilletons qui nous laisseront
pantelants si nous n’y prenons garde. Celui de la loi travail, par exemple,
dont chaque épisode semble être une reprise du précédent, parvient encore à
faire quelque bruit. Depuis plusieurs mois se succèdent les manifestations, les
bravades de M. Valls ou les pleurnicheries de la CFDT, sans compter les
forfaits des touristes (professionnels ?) de l’émeute que, si j’étais
communiste, je qualifierais d’idiots utiles du grand capital[ii].
Les événements finissent
parfois par être leur propre caricature : ainsi, jeudi 23 juin, la nième
manifestation contre cette maudite loi travail a suivi un parcours en
boucle ; quitte à tourner en rond, autant que ce soit de manière
littérale.
Les esprits fins auront
observé que cette manifestation tournait autour du bassin de l’Arsenal. Pourquoi
ne pas avoir donné un tour ludique et même sportif à toute cette affaire ?
On eût pu, par exemple, organiser une de ces joutes navales pratiquées, je
crois, du côté de Sète. Sur le pont arrière, surélevé, d’un bateau, on aurait
placé M. Martinez, muni d’une perche et d’un bouclier, tandis que MM. Mailly,
Mélenchon et quelques autres auraient manié les avirons ; en face, MM.
Gattaz, Berger et quelques autres auraient ramé pour M. Valls, ce dernier étant
équipé du même attirail que M. Martinez. L’issue du combat eût déterminé une
fois pour toutes le sort de la loi tant disputée. Une fois pour toutes,
vraiment ? Allons, allons, le perdant aurait ensuite, à n’en point douter,
contesté la validité du résultat. C’est peut-être cela, la démocratie, de nos
jours…
Curieux et puéril manège,
en tout cas, que celui de la loi travail. Ce qui me rappelle les manèges
de mon enfance. Le plus élégant, le plus classique aussi, que j’aie fréquenté
était celui du Ranelagh, où les petits chevaux avaient leur charme vieillot ;
il fallait, au moyen d’un petit bâton, essayer à chaque tour de décrocher un
anneau, jeu auquel je me rappelle que j’étais fort malhabile. Au square
Saint-Lambert, les chevaux avaient une allure très stylisée, très 1935 :
les arts déco et toute la séquelle… Près du métro Convention, il y avait
un manège résolument contemporain (nous étions dans les années 1970), avec des
voitures, de petites motos… et même des avions !
Ces derniers nous évoquent
Notre-Dame des Landes[iii] :
encore une affaire où le gouvernement excelle à entretenir la chicane jusqu’à l’hystérie.
Et hop ! Encore un tour de manège !
On aimerait cependant un
peu plus de calme. Cela permettrait d’austères et silencieux moments de
méditation. Et tant pis si ce n’est pas vendeur.
[ii] Je ne suis pas
communiste, Dieu merci. Mais cette appellation a peut-être du vrai…
[iii] Comme c’est étrange :
un « référendum » dont les autorités ne contestent pas le résultat.
On en avait perdu l’habitude…
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