samedi 15 août 2015

A propos d’une encyclique

Comme je l’avais laissé entendre il y a environ un mois, j’ai emporté dans mes bagages – et même lu ! – la récente encyclique du pape François, Loué sois-Tu (ou Laudato si’, si vous préférez). Voici donc quelques mots – humbles et filiaux – à propos de cette encyclique.
Pour commencer, précisons qu’il ne sera fait aucune longue citation ni aucun commentaire ou commentaire d’exégèse de commentaire… Votre serviteur se sait trop petit pour cela. Contentons-nous de quelques impressions, et notamment d’impressions laissées par des réactions disons… un peu courtes.
La chose a été dite ailleurs, cette encyclique coïncide avec une des inquiétudes du moment, quant à l’état dans lequel nous sommes devenus capables de mettre la terre. Cette coïncidence, si elle a été saluée par certains (sincèrement, espérons-le), a évidemment fait l’objet de quelques critiques. Celles-ci émanent souvent de milieux dits conservateurs[i], voire libéraux-conservateurs[ii], au sein desquels se trouvent des personnes se disant (et certainement se voulant ou se croyant) catholiques. En résumé, ces personnes rejettent certaines hypothèses nourrissant les inquiétudes évoquées plus haut, notamment quant aux possibles – ou probables – évolutions du climat[iii]. On les comprend, du reste : ils aimeraient bien continuer de s’amuser, de consommer et de faire consommer les autres ; c’est qu’il y a de l’argent en jeu ! Cette fixation sur le climat et ses incertitudes leur permet d’oublier que, de toute façon, la Création ne nous a pas été confiée pour que nous la cochonnions[iv].
Pour rejeter les inquiétudes d’ordre écologique et toute réponse chrétienne à ces inquiétudes, quelques-uns s’en prendront directement à la personne du pape. Celui-ci serait un dangereux révolutionnaire s’employant à subvertir l’Eglise de l’intérieur. Le propos est curieux, car il rappelle les compliments que font au pape les gauchards anticléricaux de service lorsqu’ils se prennent à l’aimer : « enfin le pape nous parle d’écologie, de questions sociales, etc. Quel changement pour les catholiques ! »
Les premiers, donc, n’acceptent la parole de l’Eglise en-dehors de préoccupations « purement spirituelles » que lorsqu’elle touche à des questions liées à certaines formes de respect de la vie ou à la morale sexuelle. Les seconds – d’ailleurs indignés par les interventions de l’Eglise sur ces derniers sujets – la saluent lorsqu’elle critique le capitalisme ou notre comportement irresponsable à l’égard de la nature, critique qui horripile les premiers[v].
En somme, nous avons affaire à deux erreurs symétriques, qui sont le fait de borgnes – de l’œil gauche ou de l’œil droit, c’est selon[vi].
Que conseiller à ces personnes pour qu’elles y voient plus clair ? Eh bien, de lire l’encyclique Loué sois-Tu. La quantité de références et de citations qu’elle comporte, de Benoît XVI – à qui François est souvent opposé par les deux susnommées factions de borgnes – aux Evangiles, leur apprendra qu’elle ne vient en rien contredire les enseignements ni les traditions de l’Eglise. De plus, ces borgnes y apprendront que l’écologie qui y est proposée est chrétienne, donc totale (« tout se tient ») : il y a là de quoi éclairer les borgnes de chaque œil. Ou les fâcher : question de bonne volonté…
En fait, cette lettre encyclique contient des choses que tout chrétien devrait savoir ou avoir déjà comprises. Et, dans ce qui est proposé (de la prière à la politique, en passant par de petits gestes quotidiens en apparence anodins), pratiquer.
Mais alors, diront quelques petits malins, à quoi bon dans ce cas répéter des choses que nous sommes censés connaître et pratiquer ? C’est pourtant simple : ces choses, nous les oublions trop souvent, tant nous sommes faibles et paresseux. Il nous reste donc du travail[vii].

(Et une très bonne fête de l'Assomption à chacun. Ce matin, les cloches ont sonné pour nos frères d'Orient...)

[i] Je n’ai rien a priori contre les conservateurs. Je me sens souvent conservateur moi-même, voire franchement réactionnaire. Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’il est nécessaire de conserver.
[ii] Ces derniers étant peut-être des hybrides échappés d’un laboratoire transhumain digne de L’Île du docteur Moreau
[iii] Les climato-sceptiques se réjouissent, par exemple, d’une récente étude selon laquelle nous pourrions bientôt connaître un « petit âge glaciaire », la brandissant pour nier toute origine humaine au réchauffement climatique. Rien ne m’autorise à contredire ni à approuver une telle étude. En revanche, il est facile de voir par où pèche l’interprétation climato-sceptique d’une telle étude : le « petit âge glaciaire » en question serait dû à une évolution de l’activité du soleil.
[iv] Mais il me semble que je me répète (voir ici).
[v] D’ailleurs, les uns et les autres reprochent souvent au pape en particulier et à l’Eglise en général d’entrer dans des détails qui ne les regarderaient pas, qu’ils ne seraient pas capables de comprendre, ou qui friseraient le ridicule. Ce qui est oublier que le christianisme est la religion de l’incarnation.
[vi] Si quelques néo-païens aux tropismes nordiques tombent sur ces lignes, ils seront navrés d’apprendre que leur auteur ne croit pas du tout qu’être borgne rende sage, quel que soit l’œil perdu…
[vii] Un chrétien sait, d’ailleurs, qu’étant faible et paresseux c’est avec l’aide de Dieu qu’il pourra se mettre au travail.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ? Inscrivez-vous ! Si vous êtes timide, les pseudonymes sont admis (et les commentaires modérés).