samedi 29 novembre 2014

Politique ensuite

Deux événements de la semaine qui se termine, outre ma paresse, m’ont poussé à remettre à mon prochain bavardage quelque petite spécialité littéraire dont je me promettais de vous faire profiter. Mais voici donc pour l’actualité…
Le pape à Strasbourg
Le cirque habituel, je veux dire les protestations de M. Mélenchon et les tout aussi prévisibles crétineries des Femen, n’auront pas réussi à éclipser la visite du pape au parlement européen ce mardi ni le discours qu’il a prononcé devant les députés dudit parlement. Ce discours, résumé assez complet d’un point de vue chrétien sur les affaires du monde, a été fort applaudi. Ce qui n’est pas sans ironie, vu qu’il fait en quelque sorte la synthèse du contraire de tout ce qui est à la mode chez les responsables politiques, en particulier à l’échelon européen. Mettons donc ces applaudissements en partie sur le compte de la politesse.
Ce discours a donné lieu à toutes sortes de commentaires, souvent erronés. L’hostilité traditionnelle d’une partie de la gauche a déjà été évoquée ; ne nous y étendons pas, ce sont des névroses bien connues qui se manifestent par une logorrhée plutôt usée (vous savez, l’inquisition, tout ça…). Une autre partie de la gauche, en revanche, semble être tombée en pâmoison devant le pape François. Il paraîtrait qu’il change tout, que c’est autre chose que Benoît XVI, voyez ce beau discours où il parle de l’accueil des immigrés, des injustices du capitalisme… Que ce discours révèle par certaines des citations qu’il utilise que Benoît XVI ne disait pas autre chose, voilà qui n’est apparemment pas pour les troubler. Car, voyez-vous, Benoît XVI, c’était un vilain pape, bien réac et tout et tout, un Panzerkardinal, d’ailleurs il est Allemand. Horreur !
Fait amusant, ce sont les mêmes sottises qui ont parfois fait admirer Benoît XVI à une droite peu chrétienne, ou disons pour laquelle l’Eglise est un élément traditionnel de l’ordre social et du décor, censé bénir les nantis et consoler les pauvres. Les propos du pape François surprennent ces gens de droite et leur déplaisent, du coup : ouh, ouh, le méchant gauchiste ! ou : c’est mou, Benoît XVI c’était plus musclé[i]. Ils commettent donc la même erreur que leurs frères de gauche.
A droite, il y a aussi de braves gens, par ailleurs catholiques, dont la sincérité n’est a priori pas à mettre en doute, mais dont la maladresse agace parfois. Pour eux, le discours du pape à Strasbourg est une révélation : délices, orgues et encens, il est en fait con-ser-va-teur, oui, comme Benoît XVI !!! Ah, il est joueur, il nous avait fait peur en le cachant jusqu’ici ! Nous voilà rassurés !
Bon. Passons sur la surprise causée par cette continuité. Ces gens pourraient quand même se renseigner un peu. Quant à dire que c’est du conservatisme, voilà qui est un peu court et tout à fait inadéquat. L’Eglise catholique et le pape n’entrent pas dans ces petites boîtes.
Ce dernier type d’erreur finit par faire sortir certaines personnes, mieux informées, de leurs gonds, comme ici Patrice de Plunkett. Son article serait tout à fait juste avec un titre un peu plus nuancé. Il aurait pu titrer A droite, on est parfois complaisamment borgne, plutôt que Aveugle volontaire, la droite… Pourquoi borgne ? Ne condamnons pas ces braves gens à la cécité ; signalons-leur simplement leur erreur[ii] (laquelle put frapper naguère, de manière symétrique, ce qu’on nommait les chrétiens de gauche), qui réside dans le vieux truc maurrassien du politique d’abord. Cela ne marche pas ainsi dans l’univers catholique. Ce serait même l’inverse : la pensée et l’action politique seraient plutôt à voir comme des conséquences. Ce qui évite de tomber dans les formes de religiosité dégénérée que revêt souvent la politique.
Alors, que peut faire un catholique, dans ce cas ? Par exemple s’informer[iii] de ce qu’a dit le pape, et tout prendre. Quitte à être bousculé dans ses habitudes.
Le sacré républicain
L’Assemblée nationale, cette semaine, à l’occasion du quarantième anniversaire de la dépénalisation de l’avortement, a voté une résolution faisant de cette opération un droit fondamental. Enfin, l’Assemblée nationale : environ un quart des députés, en l’absence des autres. Grand moment démocratique. Seul sept des députés présents ont voté contre.
L’objet de mes propos n’est pas de refaire un grand débat sur l’avortement. Tous les arguments pour ou contre sont à peu près connus (et on trouvera ici ce que j’en pense ; ô surprise, je suis contre). Mais il faut quand même remarquer qu’en faisant de l’avortement un droit fondamental, cette résolution en fait en quelque sorte un dogme sacré de la Rrrrépublique : s’y opposer, c’est désormais s’affirmer un hérétique, un ennemi de la liberté, dont on sait depuis Saint-Just qu’il ne mérite pas la liberté. Réjouissante perspective, qui permettra sans doute d’enrichissantes discussions.
A propos d’hérétiques, parmi les élus qui ont voté contre cette résolution, on trouve M. Jean-Christophe Fromantin, député UDI des Hauts-de-Seine. Celui-ci s’est fait rudement tancer par Mme Jouanno, sénatrice du même parti, qui considère qu’il n’a plus sa place à l’UDI. Bon, Mme Jouanno ou rien… Certes, mais on pourrait suggérer à M. Fromantin de prendre à la lettre de tels propos, de quitter l’UDI et surtout de ne s’inscrire à aucun autre parti : il sera ainsi libre d’exprimer ses convictions et, qui sait, de représenter sereinement ses électeurs, sans avoir à obéir aux consignes de quelque parti que ce soit. Un parti n’est pas une Eglise, ce n’est souvent qu’une coalition d’intérêts passagers et de vagues affinités d’idées : il est curieux de voir comme des gens qui ont le mot laïcité plein la bouche peuvent monter sur leurs grands chevaux dès qu’un de leurs camarades dévie d’un iota de la ligne du parti
Une mésaventure du même genre était arrivée ce printemps à M. José Bové, un des rares écologistes cohérents à EELV, lorsqu’il avait mentionné son opposition à toute manipulation du genre PMA ou GPA (tant défendues par ses petits camarades). On sait quelle volée de bois vert (ou plutôt de langue de bois verte) il reçut à cette occasion.
Ce n’est pas M. Jacques Bompard qui court ce risque, puisque ce député du Vaucluse est non inscrit. A l’occasion du vote de la susdite résolution, il a prononcé pour exprimer son opposition un discours assez beau – quoique d’un style un peu oratoire à mon goût – et assez courageux, sachant qu’il ne lui attirerait que les ricanements et les sarcasmes de ses quelques collègues présents.
Naturellement, de fins esprits m’accuseront de sympathies pour l’extrême droite, puisque j’admire le comportement qu’a eu M. Bompard et les propos qu’il a tenus, vu que M. Bompard n’est pas précisément de centre-gauche. Eh bien non. La politique ne me servant pas de substitut à la religion (j’ai tout ce qu’il faut de ce côté-là), je picore, je savoure, je prends et je laisse ici ou là, où je veux : chez M. Bompard, chez M. Fromantin ou chez M. Bové. Rien ne m’engage. Aucun d’eux n’est le pape.
(Et, la prochaine fois, causons littérature, si vous voulez.)




[i] Il paraît qu’Éric Zemmour, nouvelle idole des conservateurs et épouvantail du camp du bien, s’est fendu de quelques remarques de ce genre cette semaine. Et qu’il aurait fait amende honorable depuis. En tout cas, il s’est fort bien fait remettre à sa place ici et . Ou encore (ajout du 1er décembre).
[ii] A condition que tous ces gens soient de bonne foi, ce qui n’est pas toujours le cas. Une analyse intéressante est fournie ici par Henri Hude.
[iii] Comme je citais plus haut Patrice de Plunkett, celui-ci a eu l’excellente idée de mettre en ligne le discours prononcé par le pape, ici.

samedi 22 novembre 2014

Un mauvais tour… triangle

Jamais, si je ne me trompe, on n’avait fait beaucoup de bruit autour de la tour Triangle avant lundi dernier. Il faut dire que la tournure politicienne et partant bouffonne qu’a prise cette affaire permet d’en parler en dehors du XVe arrondissement de Paris et des cénacles d’architectes.
Quelques rappels
Ce 17 novembre, en effet, le déclassement du terrain où il était prévu de construire cette tour était soumis au vote du Conseil de Paris. Sans déclassement, pas de tour Triangle. Et là, patatras, effondrement chez les partisans du projet : le déclassement est rejeté par 83 voix contre 78. Plus de tour Triangle, n-i, ni, fini ! Soulagement chez quelques Parisiens, dont votre serviteur. C’était sans compter sur l’opiniâtreté de Mme Hidalgo, désormais maire de Paris, laquelle a plus d’un-e[i] tour dans son sac, puisqu’elle a décidé d’avoir recours à la justice pour faire annuler ce vote.
La presse, à l’occasion de cet épisode, l’a assez fait comprendre : ce projet est absurde et presque indécent, puisqu’il consiste à implanter un immense immeuble de bureaux dans Paris, qui regorge de bureaux vides et où se loger est souvent fort onéreux. Ajoutons à cela la laideur[ii] du bâtiment qu’il était prévu de construire, sa démesure et les désagréments qu’aurait causés aux riverains (dont je suis) le chantier, et le tableau est dressé (ce que j’avais déjà fait ici il y a déjà presque un an).
Mais, pour ce qui est des désagréments causés par un tel bâtiment, qui se soucie des riverains ? Apparemment, le XVe arrondissement de Paris est peuplé de petits êtres discrets, sinon invisibles.
Mauvais joueurs
Lisez-vous la grosse presse en ligne ? Et les commentaires souvent navrants par leur simplisme[iii] qu’y laissent les internautes de base ? Au sujet de la tour Triangle et du vote du 17 novembre, ils peuvent être classés en trois catégories.
La première est composée de ceux qui se désolent de l’abandon d’un si magnifique projet, par la faute de quelques conservateurs moisis alliés à quelques écologistes fanatiques. Les riverains n’auront qu’à se reconnaître chez les uns ou les autres et à apprécier ce jugement, typique du bourgeois libéral (ami du business, de la modernité, du béton qui coule au milieu de grues immenses dans un film d’entreprise accompagné d’une musique forcément dynamique jouée par des synthétiseurs poussifs) ou progressiste (qu’enchante l’audace du geste architectural).
La deuxième est peu nombreuse ; elle est composée de ceux qui voient un complot des frères trois points dès qu’un objet vaguement triangulaire passe dans leur champ de vision. Disons qu’ils contribuent à un certain folklore.
La troisième se compose de ceux qui crient à la dictature socialiste à tout propos : à l’en croire, puisque Mme Hidalgo est mauvaise perdante et appartient au PS, son attitude (aussi grotesque que malhonnête, mais nous y reviendrons) est typiquement socialiste. D’ailleurs, depuis le 6 mai 2012, la France est un vaste goulag dont seul M. Sarkozy saura ouvrir les portes ; et il faudrait se demander si Mme Hidalgo n’entretient pas une liaison avec Kim-Jong-Un.
Ecartons la deuxième catégorie, et intéressons-nous à la troisième. Certes, il est peu démocratique de la part de Mme Hidalgo de chercher à annuler un vote dès que le résultat lui déplaît, mais je ne vois pas en quoi cela est typiquement socialiste. Ceux qui le croient et rêvent de M. Sarkozy devraient se souvenir du traité de Lisbonne, œuvre de ce dernier et décalque d’un traité constitutionnel européen rejeté par les Français lors d’un référendum bien connu en 2005.
Quant à la première catégorie, on peut dire que bon nombre de gens de gauche peuvent y être classés. De la gauche moderne, bien sûr, audacieuse, sociétale, culturelle et tout et tout (mais on doit bien aussi y trouver des gens de droite tout aussi modernes et audacieux, etc. etc.). Rappelons-leur un petit fait amusant : ce printemps, la presse s’amusa beaucoup de l’échec de Mme Kosciuszko-Morizet, candidate de l’UMP à la mairie de Paris, qui ne parvint même pas à se faire élire dans le XIVe arrondissement. Mais ces fins observateurs se gardèrent bien d’appendre à compter jusqu’à quinze, puisqu’ils auraient découvert que Mme Hidalgo, de son côté, prit ce qu’il est convenu d’appeler une raclée, son concurrent le plus important manquant de peu d’être élu maire du XVe dès le premier tour. Je ne sais si les faibles résultats de Mme Hidalgo sont liés au projet de la tour Triangle. Mais j’ai comme l’impression que Mme Hidalgo a un problème avec le XVe arrondissement.
Alors, ensuite, les chamailleries entre ces deux dames après le vote…
Gamineries
Rappelons la raison invoquée par Mme Hidalgo pour demander l’annulation de ce vote : il devait s’agir d’un vote à bulletins secrets, or certains des votants ont montré leurs bulletins, ce qui constituerait une irrégularité. Les élus parisiens qui se sont ainsi comportés ont protesté en indiquant que Mme Hidalgo ne les avait en rien empêchés de montrer leurs bulletins au moment du vote.
N’étant pas juriste, j’ignore si de telles dispositions et de tels arguments ont quelque valeur légale que ce soit. Cependant, force est d’observer que les élus qui ont ainsi exhibé leurs bulletins ont fait preuve de maladresse ou d’imprudence. Ils eussent pu se douter de quelle mauvaise foi et de quelles ruses grossières serait capable Mme Hidalgo en cas de résultat défavorable. Il leur eût suffi de voter comme ils l’ont fait, sans montrer leurs bulletins.
Alors, de deux choses l’une : ou bien cette maladresse était volontaire, histoire de se donner l’air de faire de l’opposition… sans réellement s’opposer au projet ; ou bien elle ne l’était pas, et les élus parisiens ont montré que n’importe quel benêt peut les berner. Ce qui illustre assez bien le problème que posent bien des politiciens : se comportent-ils de manière cynique et méprisante ou en mêlant jobardise et gaminerie[iv] ? Je penche parfois pour la seconde hypothèse, venant de lire un amusant et léger roman anglais paru dans les années 1930, Charivari[v], où l’on voit un asile pour pairs déments reproduisant à l’identique la chambre des Lords : ces messieurs y votent même des lois…




[i] Je ne voudrais pas passer pour un affreux sexiste ! J’aurais pu aussi parler des tours de Mme Hidalgo, en référence aux tours de M. Panado, chers à Alexandre Vialatte.
[ii] On a vanté la « transparence » du bâtiment. Je veux bien, mais que je sache, ni les meubles, ni les servitudes, ni les cloisons n’auraient été transparentes. Et encore moins les éventuelles personnes qui s’y seraient aventurées.
[iii] Sans parler du massacre de notre langue auquel ils permettent d’assister…
[iv] Résumons l’affaire en un dialogue simple :
-          On avait dit qu’on montrait pas les bulletins. Vous êtes des méchants. Et puis le vote il compte même pas, na.
-          Ouais, c’est pas juste, tu l’as pas dit quand on montrait nos bulletins ! Et puis t’es qu’une mauvaise joueuse !
[v] Wigs on the Green (1935), de Nancy Mitford.

samedi 15 novembre 2014

Un homme providentiel

Tout ou presque a été dit au sujet d’un nommé François Hollande, connu pour occuper un logement de fonction et des bureaux dans un palais sis faubourg Saint-Honoré. En fait de tout, c’est surtout du mal qui en a été dit. Rien ne nous a été épargné, jusqu’à ses cravates toujours de travers. Son apparition télévisée, la semaine dernière, semble n’avoir suscité que railleries, haussements d’épaules ou, chez les plus miséricordieux, quelques expressions de pitié. Il en est aussi que sa personne obsède, au point de dérouler ou de faire défiler derrière un petit avion une banderole « Hollande démission » partout où se rend ce citoyen qui se veut normal ; y compris en faisant du hors-sujet lorsque ledit citoyen s’en est allé inaugurer un monument le 11 novembre.
Or il me semble que M. Hollande est un homme providentiel. Oui, de ceux dont, nous autres Français, nous rêvons paraît-il de temps à autre. Voici pourquoi.
Précautions
Avant de me lancer dans mes explications, quelques précautions me semblent utiles pour éviter à certains de mes lecteurs de s’étrangler. J’imagine déjà quelques réactions :
« Comment, Hollande, un homme providentiel ?! Mais on nous a changé notre Chatty Corner !!! »
ou :
« L’auteur a retourné son loden, ou quoi ? »
ou encore :
« Oh, vous savez, je le connais, il s’appelle Laval et n’est même pas complètement français. Vous voyez ce que je veux dire… »
Donc, précisons qu’un homme providentiel n’est pas nécessairement un sauveur ou un guide. François Hollande n’est ni Charles de Gaulle, ni Jeanne d’Arc, ni Moïse, ni… Non. C’est un homme à qui la Providence a donné un rôle. Reste à comprendre lequel.
Une prise de conscience
Certains d’entre vous se souviennent peut-être de la loi Taubira de 2013 et des manifestations qu’elle provoqua en son temps : en quelques mois, à trois reprises, environ un million[i] de personnes descendirent dans la rue pour protester contre cette loi. Certains d’entre vous en étaient peut-être, moi aussi ; ce mouvement continue, d’ailleurs, ses sujets allant en s’élargissant (sans tourner au fourre-tout) ; il en a engendré d’autres, parfois fort intéressants (je pense aux Veilleurs, par exemple). Chez ceux qui veulent bien se donner la peine de raisonner de manière cohérente, on peut parler (timidement, parfois) de prise de conscience : sur l’écologie, la politique, le libéralisme et ses impasses… Voilà des gens obligés de s’interroger et de rechercher des réponses originales, qu’aucun parti politique ne saurait leur fournir. Et si, en particulier, ces gens penchaient à droite (moi-même, j’avoue…), ils savent bien qu’aucune réponse ne viendra des partis qui s’en réclament.
Imaginons maintenant si la loi Taubira s’était appelée loi Dati, par exemple : eussions-nous été si nombreux dans ces manifestations, eût-on vu apparaître des Veilleurs, etc. ? Pas sûr. Beaucoup se fussent dit que, bon, ce genre de disposition n’est pas leur tasse de thé, mais que, bon, il faut vivre avec son temps, ma bonne dame…
Du reste, les gouvernements les mieux placés pour faire passer des avancées sociétales sont souvent ceux qu’on dit à tort ou à raison conservateurs : qu’on veuille bien songer à la loi Veil en 1975 pour ce qui est de l’avortement[ii]. A l’autre bout de la vie, on trouve l’euthanasie : en ce moment, on y songe dans l’Angleterre gouvernée par les Tories. Ce qui me donne l’occasion de citer un passage d’un court roman d’anticipation écrit par Evelyn Waugh en 1952 :
« L’euthanasie n’avait pas été introduite avec le service public sanitaire en 1945 ; c’était une mesure des Tories destinée à capter les votes des vieillards et des incurables. »[iii]
Ce n’est que de la littérature – et d’anticipation – mais un tel avertissement, venant d’un conservateur à propos de la politique que peuvent mener des conservateurs, est fort intéressant. Il suffit de voir, en France, comme on se tortille à l’UMP (ou au FN, d’ailleurs), au sujet des avancées sociétales adoptées ou en projet pour être édifié. Mais, honnêtement, en étions-nous tous soucieux avant 2012 ?
La république à l’os
La politique est souvent sale et ridicule, ce n’est pas d’hier. Songeons d’ailleurs que François Hollande doit son élection en 2012 plus à la lassitude provoquée par le vain cirque sarkozyque qu’à ses promesses – y compris le mariage dit pour tous et les autres joyeusetés sociétales annoncées. Or que voyons-nous depuis ? La même chose, en pire : Cahuzac, les vaudevilles en scooter, le président contredit par le premier ministricule venu, le même président, ennemi de la finance sans visage, qui fait entrer au gouvernement un ponte de la banque Rotschild… jusqu’à, petit détail, un ministre de la culture qui dit tranquillement ne pas avoir le temps de s’intéresser à la littérature[iv].
Le lieu commun pour décrire une telle situation serait : « le roi est nu ». Mais il faudrait plutôt dire que c’est la république qui est nue. Et que ce n’est pas une beauté. Plutôt un sac d’os couvert de varices. Elle fait songer au premier quatrain d’un des derniers sonnets de Ronsard :
 
Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé.
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.[v]
Nous sommes dans une basse époque. C’est une épreuve déprimante dont nous ignorons et la durée et l’issue : une révolution, une contre-révolution, ou la poursuite de cet enfoncement routinier dans la médiocrité. Cela peut durer encore longtemps. Mais ce qu’il nous est désormais impossible d’ignorer, c’est que nous sommes en plein dedans. Grâce aux efforts quotidiens de M. Hollande, nous ne pouvons pas l’oublier. Ne soyons donc pas ingrats !




[i] Ne chipotons pas sur les chiffres.
[ii] A ce sujet, une véritable mesure sociale eût pu consister à donner à des femmes tentées d’avorter les moyens et les conditions pour accueillir et élever des enfants a priori non désirés ; aux frais de la communauté, si nécessaire, et sans chercher à juger ces femmes. Autoriser les avortements me semble plutôt consister à leur dire : « fiche-nous la paix avec tes problèmes, débarrasse-nous le plancher. »
[iii] Traduction maison de "Euthanasia had not been part of the 1945 Health Service; it was a Tory measure designed to attract votes from the aged and mortally sick.”, dans Love Among The Ruins, A Romance Of The Near Future. Il ne semble pas que ce petit bijou ait été traduit en français.
[iv] On m’objectera que pendant les deux ans où elle avoue n’avoir pas lu un livre, Mme Pellerin n’était pas encore ministre de la culture. Soit, mais, connaissant ce détail, il eût mieux valu ne pas la nommer à ce poste. Surtout après avoir raillé le peu de goût de M. Sarkozy pour La princesse de Clèves
[v] J’ignore si cette république agonise, mais voilà de beaux vers, biens crus. Jouons un peu et imaginons les réactions des présidents successifs de la cinquième république après les avoir entendus :
Charles de Gaulle aurait certainement prononcé quelques généralités aimables sur la grandeur éternelle de la poésie française.
Georges Pompidou aurait complété à voix haute le sonnet ainsi cité, avant d’en réciter une douzaine d’autres, la clope au bec.
Valéry Giscard d’Estaing, après un « hmmmm » dont il a le secret, se serait sans doute imaginé auprès de la destinataire d’autres sonnets de Ronsard, dans le château renaissance d’un ancêtre qu’il aurait découvert depuis peu. La dame serait assez découverte elle aussi. Devant la cheminée, un bon chien serait sagement couché.
François Mitterrand, malicieux, eût cité les titres de quelques sonnets de Ronsard non récités par Georges Pompidou.
Jacques Chirac eût fait remarquer combien Ronsard est universel. Et se serait servi une bière.
Nicolas Sarkozy eût bougonné : « oh, vous savez, moi, je vais vous dire une bonne chose, eh bien, Baudelaire, Verlaine, tout ça, hein, c’est pas mon truc, ça m’emmerde un peu » (rire gras et approbateur de Brice Hortefeux, scandale à gauche).
François Hollande dirait sans doute : « euh… ».

dimanche 9 novembre 2014

Quelques notes en hommage à Flannery O’Connor

L’année 2014 n’étant pas a priori éternelle, il est temps de tenir une promesse faite ici il y a quelques semaines : celle de rendre hommage – oh, un bref et humble hommage – à Flannery O’Connor, décédée le 3 août 1964, à l’âge de trente-neuf ans, laissant deux romans et un nombre bien plus important de nouvelles. Que voulez-vous, les chiffres ronds, alors un cinquantenaire de cette taille…
Le Sud profond
A lire un peu vite les romans et les nouvelles de Flannery O’Connor, on pourrait n’en retenir qu’une peinture savoureuse du Sud des Etats-Unis, le Deep South, quelque part du côté de la Géorgie (état dont elle était originaire et où elle vécut) ou du Tennessee. Tout y est, d’ailleurs : la vie des campagnes et des petites villes, avec de petits blancs plus ou moins fous, des noirs méprisés par les précédents quand ceux-ci ne prétendent pas les aimer (mais ils ont plus en commun qu’ils ne le croient), des prédicateurs ambulants, visionnaires ou escrocs, quelques bourgeois aussi prétentieux qu’ils se croient au-dessus des préjugés de leurs semblables, le tout dans une ambiance baignée de fondamentalisme protestant et de violence latente, où le grotesque et le réalisme sont inextricables pour nous autres qui sommes étrangers à ces contrées. Entrer dans l’œuvre de Flannery O’Connor, c’est visiter ces contrées, rendues dans une langue rude et vigoureuse, souvent avec un mélange fort réussi de tragédie et de farce. Ceux qui ont la chance de la lire ou de l’avoir lue dans le texte goûteront le rendu phonétique des dialogues, autant qu’ils buteront dessus, d’ailleurs, à tel point qu’il faut les lire à voix haute pour y entendre quelque chose, après un moment de réflexion. Essayez par exemple avec cette réplique tirée de La sagesse dans le sang[i] : “That’s the trouble with you, innerleckchuls.” Lorsque vous aurez compris cet innerleckchuls, vous savourerez le parti comique tiré de la langue par Flannery O’Connor.
Malentendus 
Quelques témoignages, notamment celui de Robert Giroux, ami et éditeur de Flannery O’Connor, dans sa préface au recueil des nouvelles complètes de celle-ci[ii], attestent qu’il existe un malentendu si l’on se limite à ces aspects certes savoureux, attachants et passionnants :
« […] La sagesse dans le sang parut en mai 1952. Je fus plus déçu qu’elle par les critiques ; toutes reconnaissaient sa force, mais sans comprendre son intention. »[iii]
(Dans un registre plus anecdotique, mais ne nous en privons pas, la langue et les sonorités, autant que l’humour, étant des ingrédients des écrits de Flannery O’Connor, Robert Giroux évoque dans la même préface un entretien qu’elle eut en 1946 avec un professeur de l’université de l’état d’Iowa responsable d’un cours auquel elle voulait s’inscrire, entretien où elle dut s’adresser à lui par écrit, tant son accent du Sud était fort.)
L’incompréhension, le malentendu, Flannery O’Connor en était du reste parfaitement consciente, ajoutant au début de la deuxième édition de La sagesse dans le sang, en 1962, une note contenant ces propos :
« C’est un roman comique au sujet d’un chrétien malgré lui, et en tant que tel, très sérieux, car tous les romans comiques de quelque valeur doivent porter sur des questions de vie ou de mort. »[iv]
Il est vrai que Flannery O’Connor avait tout pour ne pas être comprise, par son exotisme : pour nous en tant qu’Américaine, pour les Yankis en tant que méridionale, et dans le Sud profond ceint par la Bible Belt en tant que catholique.
Prophètes égarés
Qu’est-ce que ce chrétien malgré lui qui se débat comiquement – et atrocement – dans La sagesse dans le sang ? Il s’agit de Hazel Motes, encombré par un don de prophétie dont il ne sait pas trop que faire ; incapable de transcrire les gémissements du Saint-Esprit en lui, il n’en tirera qu’une prédication insensée, une bizarrerie folklorique de plus dans son Sud natal : l’Eglise sans Christ. Hanté par cette vocation à lui incompréhensible, il aura à s’encombrer d’un précurseur, Asa Hawks, toujours accompagné de son étrange fille, d’un garçon stupide et farfelu, Enoch Emery, et d’un concurrent, Hoover Shoates, qui, mû par l’appât du gain, lance la sainte Eglise du Christ sans Christ. Perdu entre cet inintelligible appel et ces singeries, incapable de faire quoi que ce soit de son don prophétique avec son étroite intelligence et sa solitude, Hazel Motes courra à une furieuse catastrophe.
Dans le second roman de Flannery O’Connor, Et ce sont les violents qui l’emportent[v], le jeune Francis Marion Tarwater n’est pas un chrétien malgré lui : orphelin élevé par un grand-père mystique et solitaire, il est recueilli, à la mort de ce dernier, par un oncle instituteur et rationaliste[vi], qui vit seul avec son fils, un petit garçon attardé. Persuadé de sa mission prophétique, le jeune Tarwater entreprend de baptiser le petit garçon… Le hic, c’est que si le Saint-Esprit, comme chacun le sait, nous parle par gémissements ineffables, d’autres voix interfèrent parfois, bien trop claires pour être honnêtes. Le jeune Tarwater n’échappe pas à cette règle, bien au contraire, il y est particulièrement exposé. Et il volera de catastrophe en catastrophe dans son entreprise, butant contre le monde entier, commettant un meurtre, et devenant vers la fin la victime d’un acte[vii]
Que peut-il bien manquer à ces personnages qui leur éviterait ces désastres et qui leur permettrait d’accepter pleinement, librement et consciemment, les grâces qui leur sont données ? La réponse, il semble est dans le catholicisme de leur auteur : si ces grâces, de toute façon, ne sont pas de tout confort, elles ne seront rien sans une médiation, une tradition sur lesquelles s’appuyer. Poussant hors ce sol, elles donneront des fruits monstrueux et stériles, aussi horribles que comiques.
Bon, évidemment, « nous autres catholiques », ce gâchis nous fait bien rire tout autant qu’il provoque notre pitié, et même notre sympathie pour Hazel Motes ou Francis Marion Tarwater (avec l’aide, il est vrai, du talent immense de Flannery O’Connor). Ce qui ne nous dispense pas, du reste, de nous interroger (et c’est même ce que nous permet cette sympathie) sur les grâces qui nous sont données (lesquelles ?) et sur ce que nous en faisons[viii].




[i] Wise Blood (1952)
[ii] Paru chez Farrar, Straus & Giroux (New York) en 1971.
[iii] Traduction maison de : “[…] Wise Blood was published in May 1952. I was disappointed by the reviews more than she was; they all recognized her power but missed her point.
[iv] Traduction maison de : “It is a comic novel about a Christian malgré lui, and as such, very serious, for all comic novels that are any good must be about matters of life and death.
[v] The Violent Bear It Away (1960).
[vi] Un nommé Rayber, nom déjà porté par un personnage de The Barber, une nouvelle de 1947, un libéral suffisant aussi ridicule que ses adversaires.
[vii] Le diable est très présent dans ce roman, on l’aura compris. Tarwater ne serait-il pas un petit cousin américain des deux Mouchette de Bernanos ? L’hypothèse a dû être faite déjà bien des fois…
[viii] En traduction française, les œuvres complètes de Flannery O’Connor (La Sagesse dans le sang - Les Braves Gens ne courent pas les rues - Et ce sont les violents qui l'emportent - Mon mal vient de plus loin - Pourquoi ces nations en tumulte ? - Mystère et manières - L'Habitude d'être) sont disponibles en un volume, chez Quarto (Gallimard).

mardi 4 novembre 2014

La subversion m’ennuie : 3 – Tree

Résumé des épisodes précédents (1 et 2) : les Muses, après avoir subi la vantardise bavarde d’un marquis pervers, ont pu constater, deux siècles plus tard, alors que le marquis a encore ses admirateurs, qu’il n’en va pas de même pour un malheureux pompiste tout aussi dérangé. Sautant encore quelques lustres, les voici arrivées à Paris, où un certain type de mobilier urbain les plonge dans la perplexité.
Tree, ce n’est bien entendu pas trois mal traduit en anglais, mais le nom d’une installation qui a causé quelque bruit dans Paris en octobre.
Scandale place Vendôme
Brossons le tableau à grands traits : au moment de l’édition 2014 de la FIAC, on put voir s’ériger place Vendôme un immense objet de couleur verte que l’on pourrait, en toute objectivité décrire comme un cylindre surmonté de trois portions de cônes, la première se rétrécissant vers le haut, la seconde s’élargissant vers le haut et la troisième se rétrécissant vers le haut, finissant par sa pointe ; les jointures entre ces différentes formes, ainsi que la pointe du dernier cône, étaient arrondies et l’ensemble était constitué par une structure gonflable. Cette installation, intitulée Tree, donc, était l’œuvre, si l’on peut dire, d’un artiste nommé Paul McCarthy[i]. Notons qu’outre faire la publicité de la FIAC, l’objet était installé à Paris concomitamment à l’ouverture d’une exposition du même McCarthy à la Monnaie de Paris, Chocolate Factory, présentant des lutins priapiques en chocolat.
Cette installation fit scandale, quelques âmes vertueuses (outre l’artiste lui-même, de son propre aveu) voulant y voir un plug anal[ii]. A tel point qu’un petit groupe de ses contempteurs parvinrent à la dégonfler et qu’un autre de ces contempteurs asséna une paire de gifles à M. McCarthy.
D’où un nouveau scandale : à en croire la gauche gouvernementale, la liberté de création artistique aurait été menacée, M. Hollande (désœuvré en cette mi-octobre ?) regrettant cette souillure et Mme Pellerin[iii] redoutant un retour des conceptions esthétiques nationales-socialistes rejetant un supposé art dégénéré.
Morale automnale
Quel sérieux chez tous ces gens ! Passons sur les cris indignés de la bourgeoisie de gauche et de ses représentants au pouvoir : simple rhétorique politicienne, aussi creuse et à côté de la plaque que d’habitude. Les âmes vertueuses, quant à elles, ont donné les bâtons pour se faire battre, en dénonçant l’érection d’un plug anal géant place Vendôme : occasion rêvée pour les serveurs de soupe de la grosse presse de les tourner en ridicule en signalant qu’il faut avoir l’esprit bien mal placé pour voir un tel objet dans ce qui avait été nommé « arbre ». Et de voir dans les dégonfleurs des catholiques ultras du Printemps français ou de la Manif pour tous[iv].
J’ignore, du reste, quel put être l’état d’esprit, ou l’humeur, desdits dégonfleurs ; j’y reviendrai plus bas. Mais ce qui est sûr est qu’aller gifler M. McCarthy était particulièrement stupide : d’abord parce que ce n’est pas bien, ensuite parce que c’est faire beaucoup d’honneur à l’intéressé.
Tirez la langue au diable !
Qu’est l’œuvre de Paul McCarthy ? Renseignements pris, à peu près rien : quelques performances où le monsieur s’est montré couvert de diverses matières (y compris corporelles), des statues niaises montrant des formes phalliques, ou des installations gonflables, comme par exemple des étrons géants (en quelque sorte une œuvre qui est son propre commentaire). Son seul prestige réside dans son statut autoproclamé d’artiste, certifié par quelques critiques d’art à la mode, quelques marchands d’art et quelques grands bourgeois avancés qui tremblent de terreur à l’idée de ne pas avoir l’air de comprendre quelque chose à l’art contemporain et à sa teneur bien évidemment transgressive, subversive et dérangeante. Un bon filon, en somme. Une affaire d’argent.
Il eût donc suffi de dire de ce Tree ce qu’il était : un immense empilement de formes vertes, coniques et cylindriques, soit du point de vue artistique une nullité parfaite. Quant aux dégonfleurs, je les eusse applaudis s’ils avaient accompagné leur geste d’un discours ridiculisant celui des adorateurs de l’art contemporain ; par exemple en nommant Leaf (feuille) le tas vert et informe obtenu après dégonflage, et en rappelant qu’à l’automne les feuilles tombent[v], discours qui eût pu être signé du nom d’un collectif grotesque. Ils avaient à leur disposition mille manières de mettre de leur côté les rieurs et ceux qui veulent bien penser. Il eût aussi fallu donner une idée de ce qu’incarne Paul McCarthy : un certain opportunisme, astucieux et mercantile, assez américain – see if it works ! – soit tout ce que l’on veut nous faire croire que ce monsieur dénonce[vi].
Ne prenons pas Paul McCarthy pour le diable. Mais nous pouvons, sans oublier que le diable existe ni sous-estimer ses dangers, éviter de le flatter en nous offusquant du moindre de ses tours ; il vaut mieux le faire enrager en lui tirant la langue et en lui montrant que nous ne sommes pas dupes de ses ruses, lesquelles sont parfois pitoyables.




[i] Qu’il ne faut confondre ni avec Paul McCartney, musicien britannique bien connu, ni avec Joseph McCarthy, sénateur américain connu pour un anticommunisme revêtant des formes tellement paranoïaques et grotesques qu’un bon théoricien du complot devrait se demander s’il n’était pas en fait un agent communiste ; ni avec l’écrivain américain Cormac McCarthy..
[ii] Il s’agit apparemment d’un objet que d’aucuns aiment à… et puis non : si vous êtes aussi innocents que moi, vous savez ce que signifie plug en anglais et anal en français. Je crois que cela s’appelait autrefois un godemichet. Mais c’était au temps où les perversions sexuelles n’avaient pas encore pris une tournure mondialisée, au fait, à la page, quoi. Cette appellation est sans doute à approcher de l’expression sex toy. Il doit exister une industrie pour ce genre d’objets. Le sérieux avec lequel cette activité est probablement menée (gestion des approvisionnements et des stocks, procédés de fabrication, etc.) a quelque chose de hautement comique et pitoyable.
[iii] Ministre de la cyberculture dans le gouvernement Valls 2.0, qui n’a pas le temps de se renseigner sur l’œuvre (sans guillemets ni italiques cette fois) de Patrick Modiano, trop occupée qu’elle est à s’opposer par des touits au retour des nazis.
[iv] L’amalgame entre la Manif pour tous et le Printemps français est déjà douteux, celui entre le catholicisme et la Manif pour tous l’est encore plus, quant à celui entre le catholicisme et le Printemps français, il est tellement bête qu’il pourrait être de Caroline Fourest (ce qui me peine, c’est qu’il doit se trouver des auditeurs de France-Culture et des lecteurs du Huffington Post pour prendre au sérieux cette talentueuse comique) ; mais non, à l’examen, ce n’est pas d’elle. On trouvera aussi un article d’un certain Quentin Girard dans Libération, condensé de clichés et d’amalgames haineux, assez drôle malgré lui.
[v] « J’adore le concept » m’a dit un ami au vocabulaire plus moderne que le mien, lorsque je lui exposai cette idée.
[vi] Dans cet esprit, si j’ai bien compris, Causeur a publié à ce sujet un intéressant article de Laurent Cantamessi.