samedi 1 juin 2013

Sale temps ?

Sale temps, en effet. Cette fin mai aura plutôt ressemblé à une fin mars. On était presque étonné de ne pas voir tomber de neige à Paris. Et même votre serviteur, pourtant guère amateur de fortes chaleurs, commençait à grelotter.
Théories du complot
La presse, depuis un peu plus d’un an, en a fait un gag récurrent : partout où passe notre Entremets élyséen, il se met à pleuvoir. Faut-il par conséquent l’accuser de ces intempéries ? Ou est-ce une tentative de M. Valls pour interdire le « Printemps français » ?
Il est permis d’en douter car on eût pu aussi redouter un débordement de la Seine, elle-même certainement saisie par une subite radicalisation. Mais, objecteront les complotistes de droite, l’Entremets n’a-t-il pas intérêt à provoquer de tels débordements ? Alors…
D’autres rapprochements sont possibles, pour les complotistes de gauche, cette fois. Ces intempéries auraient-elles un rapport avec la manifestation contre le froid qui eut lieu voici une trentaine d’années au métro Glacière, aux cris de « verglas assassin, Mitterrand complice » ? Certains, en tout cas, n’hésitent plus à ne pas trouver une telle manifestation si innocente que cela : ils ont découvert, sans doute après de longues et patientes enquêtes, que Frigide Barjot en était. Il fallait pour trouver une telle connexion des intelligences aussi affûtées que celle de cette journaliste qui me fait tant rire sur France-Culture les mardis matin à sept heures et quart. Ah, comment s’appelle-t-elle, déjà ? Gazoline Flourest, ou quelque chose d’approchant.
Dominique Venner et les Femen
Oui, décidément, il a fait un sale temps en cette fin mai (NB : je commente des faits un peu vieux, cette chronique étant prévue initialement pour samedi dernier, mais des ennuis techniques m’ont empêché de la publier). Mardi 21, devant l’autel de Notre-Dame de Paris, Dominique Venner se suicidait en se tirant une balle dans la bouche. Je connaissais son nom par quelques publications estimables dont il avait eu l’initiative, comme la revue Enquête sur l’histoire, que je lisais il y a quinze, vingt ans, et où des signatures très diverses apparaissaient. La presse à rendu compte de la mort de Venner en le décrivant comme un « ancien de l’OAS, essayiste d’extrême-droite et proche des milieux anti-mariage gay ». Difficile de faire plus épais, plus gazolinesque, dans le rapprochement…
Il me semble que la curiosité de Dominique Venner et le souci de faire parler d’autres voix que la sienne dont il a parfois fait montre auraient mérité un peu plus d’attention et des descriptions un peu moins caricaturales (bien qu’il fût, en effet, un ancien de l’OAS, qu’il ne fût pas tout à fait de centre-gauche ni pour tous). On pourra cependant déplorer son néo-paganisme – notion qui me reste incompréhensible, tant cela me paraît un bric-à-brac spirituel assez louche. On a vu, du reste, à quelle macabre et sacrilège folie ces brumes l’ont conduit. On éprouve comme un sentiment de gâchis.
Là où on n’éprouve pas grand-chose, en revanche, c’est en apprenant que le lendemain une Femen est venue au même endroit mimer le suicide de Dominique Venner. Avec le costume d’usage chez ce groupuscule décervelé tant admiré par Gazo, ma comique préférée du mardi matin : les seins à l’air et des slogans imbéciles tartinés en anglais d’aéroport sur les flancs. Je crois que la bêtise de ces péronnelles ne mérite que les haussements d’épaules qui conviennent à toute manifestation d’exhibitionnisme. Elles sont un bon reflet de leur époque et de leur monde, c’est-à-dire de rien.
Pendant ce temps…
En Suède, pays qui m’est cher, quelques jeunes crétins mettaient le feu dans les banlieues. C’était tellement désolant que l’on eût pu se croire en France vers 2005 ou en Angleterre l’an dernier.
Justement, en Angleterre, deux types alpaguaient un soldat dans la rue et le décapitaient, comme ça, froidement, en invoquant Dieu pour justifier leur boucherie. Dieu n’a décidément pas de quoi se réjouir en permanence…
Quel est le rapport ?
Dominique Venner était écœuré par la décadence de l’Europe, ce qui peut se concevoir. La solution qu’il a cru trouver à ce problème, en se voulant noble et antique, n’a été que spectaculaire et moderne. Il eût mieux valu pour lui vivre et espérer. Quelques poupées hystériques, sans être plus inquiétées que cela, en tout cas chez nous, se dépoitraillent un peu partout pour protester contre… on ne sait plus trop quoi. Ou peut-être contre ce qui est encore vivant, comme par exemple l’Eglise catholique (malgré les apparences et les efforts d’une ennuyeuse conjuration d’imbéciles). Mercredi 29, à Montpellier, deux messieurs nous ont fait croire – et ont sans doute cru – qu’ils se sont mariés, dans le plus grand sérieux, avec les félicitations du gouvernement ; chose qui eût passé naguère pour une bonne grosse farce (Coluche et le Luron, c’était un peu lourd, mais quand même assez drôle). Et périodiquement, nos gouvernants nous rappellent qu’il faut nous excuser d’exister, vu que nous sommes, nous autres Européens, d’affreux esclavagistes, des oppresseurs ou tout ce que vous voudrez de ce genre.
Comment veut-on qu’avec tout cela des immigrés venus de pays lointains puissent avoir la moindre estime pour nous ? Ne nous étonnons donc pas si, de temps en temps, quelques rouleurs de mécaniques font la loi en banlieue ou si quelques fanatiques décapitent un autochtone. Ils nous prennent au mieux pour des mous, au pire pour des morts.
Enfin…
Ne nous plaignons pas trop : dimanche dernier, il a fait plutôt beau. Pour la dernière fois, un peu tristes peut-être, nous fûmes 825 millions selon Mme Boutin et 32 selon M. Valls. Il n’a pas plu et il n’y a donc pas eu trop d’eau dans le gaz… Ce n’était pas plus que cela la Manif pour tousser… En tout cas pendant. Les journalistes, fidèles à leurs réflexes, n'ont rendu compte que des heurts entre la police et quelques jeunes gens aux têtes chaudes ou au plafond bas.
Mais tiens, j’y pense, comme il est toujours question d’écarts extravagants entre les différentes estimations du nombre de participants : cette fois, nous étions en fait un million selon les organisateurs et cent-cinquante mille selon la police. Eclair subit dans mon esprit : la police nous compte en euros ! Ce qui aurait tendance à prouver que nous en sommes restés au franc : quels indécrottables retardataires !
Remerciements (et excuses)…
… A Philippe Muray qui, longtemps avant moi, utilisa l’expression la cage aux phobes.  Je l'avais oublié. C’était dans un article paru en 1999 dans le quotidien la Montagne et repris dans la troisième tome de ses Exorcismes spirituels. Je me devais, à sa mémoire, de rétablir cette vérité.

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